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La sécurité affective

Dernière mise à jour : 2 juil.

La sécurité affective fait écho au concept théorisé par John Bowlby du nom de « théorie de l’attachement ». Cette théorie de l’attachement est mise en lumière en 1969, il y a donc environ 50 ans seulement par un psychiatre qui explique alors qu’en chaque être humain réside un besoin social primaire et inné d’entrer en relation avec autrui : l’attachement.

 L’enfant recherche chez la personne qui s’occupe de lui une sécurité. On appelle cette personne « figure d’attachement ». Les parents, qui sont les plus au contact de l’enfant et sont donc garants de sa sécurité affective, sont appelé « figure d’attachement primaire ». Les personnes que côtoie l’enfant au quotidien, qui prennent soin de lui sont appelées « figure d’attachement secondaire » (on retrouvera ici les grands-parents s’il les côtoie régulièrement, la nounou, l’éducatrice ou l’auxiliaire de la crèche…)

Lorsque ces personnes garantissent à l’enfant une forme de sécurité affective, on nommera cette relation « attachement sécure ». Cet attachement sécure donnera à l’enfant suffisamment d’assurance pour pouvoir aller explorer son environnement et se détacher de l’adulte.

C’est un paradoxe, assurément ! L’enfant doit donc avoir un attachement suffisamment sécurisant pour pouvoir quitter sa figure d’attachement.

 

1.      Les différents types d’attachement chez l’enfant

Il existe, chez l’enfant, quatre types d’attachements : l’attachement sécure, dont nous avons évoqué rapidement le nom précédemment, l’attachement insécure évitant, l’attachement insécure ambivalent, et l’attachement désorganisé.

L’attachement insécure évitant se distingue des autres par une réaction de l’enfant à masquer ses émotions, à éviter de solliciter l’adulte par des réactions émotionnelles. L’enfant dans ce cas de figure est souvent en lien avec un parent ne répondant pas à ses besoins suite à ses réactions émotionnelles. Il comprend donc que l’émotion ne lui permet pas d’entrer en lien avec sa figure d’attachement. L’enfant peut même intégrer l’idée que son émotion est mauvaise et qu’il sera rejeté s’il la manifeste. On retrouvera donc des enfants qui ne pleurent jamais pour exprimer leurs besoins.

L’attachement insécure ambivalent se traduit par un stress important de l’enfant, une difficulté à quitter sa figure d’attachement alors même qu’elle n’est pas partie et un attachement facilement associable à des signes de stress chez l’enfant. Il s’agit, comme dans le cas précédent, d’un enfant qui a vécu avec une figure d’attachement ne répondant pas à ses besoins affectifs, et qui ne l’a pas sécurisé. Il explorera peu, et restera souvent dans une grande proximité de sa figure d’attachement. On parle ici d’ambivalence dans la mesure où l’enfant reste dans une très grande proximité de sa figure d’attachement alors même qu’elle ne lui apporte pas la sécurité affective dont il a besoin. On retrouvera donc des enfants agités, en proie à des émotions contraires. Ce sont des enfants qui rechercheront sans arrêt le contact avec leur figure d’attachement, sans obtenir de réponse. Ils ne parviendront pas à s’éloigner de l’adulte en question.

L’attachement désorganisé fait écho à des situations dans lesquelles l’enfant se retrouve face à une figure d’attachement au comportement anormal, qui lui fait peur et le met dans une situation de stress. Il recherche à la fois la proximité de sa figure d’attachement tout en souhaitant la fuir. On observera chez l’enfant un besoin de proximité et une envie de s’éloigner simultanée, souvent liées à des situations dans lesquelles l’adulte apportera une réponse exagérément inadaptée.

L’attachement sécure, celui que l’on recherchera pour permettre à l’enfant de vivre de façon harmonieuse, se caractérise par une confiance totale en sa figure d’attachement, ce qui lui permettra d’explorer sous le regard de sa figure d’attachement, voire de s’éloigner de cette dernière en conservant l’assurance d’avoir toujours la possibilité de venir se réassurer auprès d’elle.

 

2.      Quels sont les bienfaits d’un attachement sécure pour l’enfant ?

Rentrons à présent dans le détail de tout ce qu’un bon attachement offre à l’enfant !

Nous avons eu l’occasion de dire que l’attachement sécure permettait à l’enfant de se détacher de l’adulte pour aller explorer son environnement. Sous réserve que l’adulte reste accessible, l’enfant pourra donc s’éloigner progressivement de l’adulte afin d’aller découvrir le monde, sentir, toucher, goûter… C’est donc la promesse d’une ouverture au monde pour le tout-petit !

Cet attachement sécure est aussi un miroir qui montre à l’enfant combien il est estimable, combien il est aimé sans mélange. L’enfant est aimé pour lui, pour ce qu’il est tout entier. Ce caractère absolu est une immense réserve d’amour et de confiance en soi qui est offerte à l’enfant. Elle lui permettra d’être lui-même en grandissant et de ne pas chercher à se travestir pour recevoir de l’amour.

Quand l’enfant vit un attachement sécure, il ose aussi aller à la rencontre de l’autre. Il s’autorise à être curieux de tout ce qui l’entoure. Quand la relation vécue avec la figure d’attachement est bonne, l’enfant n’a pas peur d’aller au contact d’autrui. Il se préfigure que l’autre est bon à l’image de sa figure d’attachement.

Enfin, l’enfant qui grandit avec un attachement sécure n’aura pas peur de vivre ses émotions : elles sont acceptables et acceptées. Les émotions considérées comme « négatives » ne seront pas niées.

Lorsque l’enfant s’éloigne de sa figure d’attachement, il peut être dans la retenue. Les émotions ressenties au cours de la journée sont déchargées le soir auprès de la figure d’attachement.

C’est un exemple que l’on peut retrouver régulièrement chez les parents récupérant leur enfant le soir, après une journée de garde loin d’eux. Les parents se trouvent démunis, ne comprennent pas, voire ne savent pas réagir face à leur enfant qui traversent des émotions fortes en les retrouvant : colère, pleurs, contrariétés… Ces parents se questionnent afin de savoir ce qu’ils ont « mal fait » ou encore pourquoi le petit ange décrit par les auxiliaires de la crèche ou la nounou s’est soudainement transformé en un enfant incontrôlable en rentrant à la maison. Que ces parents se rassurent : ils ne sont pas seuls ! Cette réaction est tout à fait normal. Nous sommes dans le cas de figure énoncé précédemment : les enfants ont emmagasiné des informations, des émotions, des petites contrariétés au fil de la journée et une fois leur figure d’attachement retrouvée, une fois la sécurité des bras aimés regagnés, ils libèrent toutes les émotions retenues.

 

3.      Mais alors… Comment favoriser un attachement sécure ?

On pourra répartir les besoins du tout-petit en trois catégories, afin de lui garantir un attachement sécure : le soin du corps, le soin de l’intellect, le soin de sa vie émotionnelle. Les propositions qui suivent ne sont que des exemples : il ne s’agit pas d’une liste exhaustive.

Le soin du corps passera par la réponse aux besoin de son bébé, de façon régulière. Lorsque bébé pleure, qu’il manifeste une gêne, lui prouver que l’adulte de référence répondra au maximum à son besoin, rapidement, sans conditions de sa part. On pensera facilement au fait de répondre aux besoins de satiété, de change, de sommeil, mais aussi aux besoins de réassurance lorsque l’enfant pleure car il recherche la proximité de l’adulte.

On pourra aussi instaurer des rituels rassurants qui viseront à établir une forme de routine, participant à réconforter le jeune enfant.

Lorsqu’il n’est pas possible de répondre aux besoins de l’enfant de façon immédiate, il est aussi possible de verbaliser de façon la plus apaisée possible la situation. Voici un exemple :

L’adulte est en train de réchauffer le biberon, tandis que le bébé hurle de faim. La situation n’est pas apaisée. Il est ici tout à fait possible de dire au tout petit « J’entends que tu as faim, je fais au plus vite pour te donner à manger. Tu vois, là, je suis en train de faire réchauffer ton lait, et tu pourras manger très rapidement. » L’enfant ne s’arrêtera pas forcément de pleurer, comme par magie. Néanmoins, il aura reçu une information apaisante, qui lui indiquera que son besoin a été entendu. De plus, la voix avec laquelle l’adulte lui parlera sera un signal puissant et important qui lui permettra de se sentir plus serein.

Le soin de l’intellect’ se rapporte aux propositions qui sont faites à l’enfant en matière de stimulation intellectuelle. Le tout jeune enfant découvre le monde, et n’est pas dans la recherche d’une activité particulièrement élaborée. Le fait de parler avec lui, d’interagir, de nommer, d’observer ses centres d’intérêts, d’y répondre, de verbaliser autour de ces passions du moment, de lui proposer de courir lorsqu’on observe une période de développement tournée autour de cet intérêt sont autant de façons de stimuler son intellect’ et donc de lui offrir l’image d’un attachement sécure. L’enfant est naturellement dans l’observation et dans la curiosité de son environnement : l’attachement sécure lui permettra de répondre à ces besoins naturels.

Soigner la vie émotionnelle de son tout-petit est une façon de lui offrir aussi un cadre de vie sécure et serein dans lequel il pourra vivre ses émotions. Il est donc possible de prendre soin de son enfant en accueillant les émotions qui le traversent, sans réaction émotionnelle forte de la part de l’adulte – ce qui n’est pas chose aisée, j’en conviens – afin que le tout petit intègre que chacune de ses émotions a le droit d’être exprimée. Néanmoins, l’adulte est lui-même un être humain mû par des émotions qu’il a le droit de vivre lui aussi. Il est tout à fait normal de vivre des émotions importantes, et il est tout à fait possible d’offrir un cadre de vie sécure au jeune enfant tout en étant soi-même en proie à des émotions. L’adulte qui vit une intense colère peut, dans ce cas, verbaliser à son enfant « Tu vois, moi aussi je vis une émotion, comme il t’arrive d’en vivre. Je suis très en colère parce que… Tu n’es pas responsable de mon émotion. Tu vois, pour me calmer, j’ai pris plusieurs inspirations et j’ai soufflé longuement… »

Il y a bien des façons d’offrir un cadre sécure à son enfant. Les maîtres-mots restent « amour », « apaisement », « besoins de l’enfant » et « accompagnement ».


(cet article peut être retrouvé sur le site de "la maison d'Anne".)


(Photo achetée via AdobeStock)

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